au livre bleu

20 mars, 2012

Marcel Duchamp, au temps de face et de profil.

Classé dans : Non classé — aulivrebleu @ 8:02

 Robert Lebel       -    Marcel Duchamp

 Marcel Duchamp, au temps de face et de profil. RL1-0012

Robert Lebel, La Double vue suivi de L’Inventeur du temps gratuit.

Couverture illustrée par Alberto Giacometti ;

en hors-texte La Pendule de Profil de Marcel Duchamp,

Le Soleil Noir, 1964, 137 p., 18 cm.

RL2-0012

Envoi autographe de l’auteur. 

 *

Pour l’extension « des zones de refus et de légèreté »

Robert Lebel (1901-1986) est un critique d’art qui fut aussi essayiste, poète et collectionneur. C’est lui qui publia en 1959 le premier essai sur la vie et l’oeuvre de Marcel Duchamp (Sur Marcel Duchamp, Editions du Trianon).

L’Inventeur du temps gratuit est le texte le plus intéressant de cette publication. Cette belle nouvelle de vingt pages, relation d’une rencontre entre le narrateur et « l’inventeur du temps gratuit » présente en fait un portrait à peine déguisé de Marcel Duchamp que l’auteur connaissait bien.

« Mais le temps ? demandai-je.

« J’y venais puisque j’ai mis au point ma théorie grâce à la réunion toute providentielle devant moi de ces trois horloges dont une fonctionne avec exactitude, une autre irrégulièrement et la dernière pas du tout…  » (p. 122).

A  partir de ces trois cas de figure qu’il analyse et commente, l’inventeur évoque trois notions différentes du temps… Venons-en directement à la dernière, le « temps gratuit » :

« Le domaine du temps gratuit est celui du risque extrême, de l’exaltation la plus soutenue car il est à la fois le seul où l’on perde sciemment son temps, donc sa vie et le seul où tout effet dramatique, toute emphase soient inadmissibles… C’est à l’intérieur même du temps social, et non à l’écart, ce qui déjà serait édifiant, que nous créerons, sans nécessairement le laisser entendre, des zones de refus et de légèreté ». (p. 136).

 *

 La Pendule de Profil de M. Duchamp, pliage, état n° 2.

 » N° 135 =… – La Pendule de profil, avec la pendule de face permettent d’obtenir toute une perspective de durée allant du temps enregistré et découpé par les moyens astronomiques jusqu’à un état où le profil est une coupe et fait intervenir d’autres dimensions de la durée/Revoir « . (M. Duchamp, Notes, Avant-propos par Paul Matisse, Préface par Pontus Hulten, Flammarion, 2008).

La pendule, selon Duchamp, vue de profil, et dont les heures disparaissent au regard…

*

Voir aussi l’article du 12 / 01 / 2012 :

 Hommage à Marcel Duchamp, 1912-2012

Boîte-en-catalogue, Le Mille et unième Item.

6 mars, 2012

« Ne sois jamais sans vert au mois de mai Hélène »

Classé dans : Non classé — aulivrebleu @ 10:06

 

 Ne sois jamais sans vert au mois de mai Hélène

 

Recueil des plus beaux vers de Messieurs de : Malherbe, Racan, Maynard, Bois-Robert, Montfuron, Lingendes, Touvant, Motin, Lestoile, et autres divers auteurs. – Paris, Toussainct Du Bray, 1629. – 8°. Reliure parchemin.

Edité dès 1609, ce volume est un des pricipaux recueils de poésies du 17e siècle. Plusieurs fois édité, remanié, augmenté, il contient les vers de nombreux  poètes célèbres en leur temps comme Malherbe, Racan, Maynard… mais aussi de nombreuses pièces d’auteurs peu connus ou quasi inconnus aujourd’hui mais dont certaines méritent pourtant toujours notre attention, tel ce sonnet du Sieur Dumay (1585-1649) :

 

Du-May-0013

 

Sonnet

 

Amour n’est rien qu’un Ciel, où chaqu’un voit sa belle,

Amour n’est qu’un Enfer, où nos coeurs sont gesnez,

Amour n’est rien qu’un Dieu, qui nous rend fortunez,

Amour n’est qu’un Démon, qui nos ames bourrelle.

 

Amour n’est rien qu’un Jour, qui nos ans renouvelle,

Amour n’est qu’une Nuit, qui nous rend forcenez.

Amour n’est rien qu’un feu, duquel nous sommes nez,

Amour n’est rien qu’un froid, d’où notre sang se gele.

 

Amour n’est que la Vie & le repos de tous,

Amour n’est que la Mort, qui couve dedans nous :

Que dis-je ? non, l’Amour de tant de maux suivie

 

N’est qu’Enfer, que Démon, que Nuit, que froid, que Mort ;

Mais helas ! Je me trompe, Amour je te fais tort :

Tu n’es que Ciel, que Dieu, que Jour, que Feu, que Vie.

 

Paul Dumay, seigneur de Saint-Aubin, magistrat, né en 1585, est reçu au Parlement de Dijon le 4 mai 1611. Il meurt dans la même ville en 1649.  Descendant d’une famille originaire de la Beauce, il naquit à Toulouse où son père avait été médecin (de la faculté de Montpellier). Dans son oeuvre modeste (en français et en latin), on peut relever Les Lauriers de Louis le Juste [Louis XIII], roi de france et de Navarre (70 p., Paris, 1622), texte conservé à la Bibliothèque Nationale. Sa participation à ce Recueil des plus beaux vers… , qui consiste en deux sonnets, n’est pas relevée dans les anciennes bibliographies. Le second sonnet est le suivant :

 

Sonnet 

 

L’Homme n’est rien qu’un mort, qui traine sa carcasse,

L’homme n’est rien qu’un ver, qui de la terre nait,

L’homme n’est rien qu’un vent, qui soufle un petit trait,

L’homme n’est rien en soy, qu’un songe qui se passe.

 

L’homme n’est rien qu’un ombre, aussi tost il trépasse,

L’homme n’est rien, qu’un rien, que nommer on ne sçait,

Mais quoy Rien ? non, car l’homme est un estre parfait ;

Quoy, qu’Ombre ? non, car l’homme est un corps qui tient place.

 

L’homme n’est pas un songe, ains un esprit vivant.

Est-il vent ? non, mais Ame en compas se mouvant :

L’homme n’est pas un ver, mais du grand Dieu l’image.

 

Et moins est-il un mort, puisqu’il souspire bien : 

Qu’est-il doncques ? il est en son pelerinage, 

Un Mort, un Ver, un Vent, un songe, un Ombre un Rien.

 

Les images, tout comme  l’expression, sont représentatives de cette délicate et tourmentée période de transition, à la recherche d’un nouvel équilibre, appelée « baroque », entre la fin des guerres de religion et le début du règne personnel de Louis XIV…

 

***

Ne sois jamais sans vert au mois de mai Hélène est une adaptation personnelle du « Je vous prends sans vert », formule d’un jeu qui donna son titre à une comédie en un acte, en vers, de La Fontaine, représentée pour la première fois le premier mai 1693.

Il s’agit d’un ancien jeu de société qui remonterait au 13e siècle, où quiconque – au mois de mai - était pris sans un rameau de verdure (fraîche) sur lui (donc sans « Vert ») était passible d’un gage. « Etre pris sans vert » a ainsi pris le sens de  »être pris au dépourvu ».

Mais vivre sans vers, être pris sans vers, sans lire des vers… , nous condamne bien plus encore aujourd’hui  au dépourvu, beaucoup plus que nous ne pouvons le penser ou l’imaginer…

 

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